périodiques. L'eau s'écoulait librement à travers champs et routes. Il n'y avait que très
peu de dégâts, sauf à quelques cultures saisonnières et jardins potagers. Grâce au limon,
le sol était bien productif. Mon grand-père, occupé à faucher vis-à-vis des Abattoirs, eut
un accident mortel en ce lieu. Je tiens cela de mon père puisqu'il louait plusieurs parcelles
en ces parages.
Il arrivait parfois d'y laisser en liberté ses deux chevaux, parfois avec un poulain
ainsi qu'une dizaine de canards qui batifolaient le long des berges à la recherche de
quelques friandises carnées. A l'intersection de deux chemins de campagne, un vieux
pommier m'offrait un point d'observation pour les surveiller tout en regardant, d'un oeil,
un fascicule de bandes dessinées à 15 ct l'exemplaire, acheté chez Mlle Choulat, Le soir,
accompagné de mon frère, il fallait ramener, non sans peine, tout ce petit monde en leur
demeure respective. La fermette de mes parents se trouvait au Chemin de Bellevoie,
le bien nommé, puisque invariablement cahoteux et boueux. Aucun obstacle n'existait.
La vue s'étendait jusqu'à la scierie Gygax.
Cette rétrospective achevée, force est de constater que des petits malins permirent
et trouvèrent le moyen de construire dans cette zone éminemment inondable. Il ne
se trouva personne consciente des dangers à venir. Je le fis un jour remarquer,
mais dans l'indifférence. Ces bâtisses se comportent comme de véritables barrages.
Conséquence logique : un nombre croissant de caves, de garages sont envahis par
les eaux captives et par reflux, accumulation, également en amont.
Je puis déjà prédire que ces événements dramatiques se reproduiront à plus ou moins
brève échéance. Les leçons du passé seront vite oubliées. Sérieusement, aucune
parade n'existe. Les caprices de la météo risquent de causer encore bien des surprises.
Les maigres moyens mis en oeuvre ne réussiront pas à assagir les flots réunis
de la Sorne et de la Birse en furie.
Fernand
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